e-talonnette

Madame Laurence Parisot, Présidente du MEDEF, faisait récemment un discours(1) pour réclamer qu’on introduisît le terme “BENCHMARKER ” dans le vocabulaire du français courant.

Elle y déclare (voir à la fin du 6° paragraphe) que:
“BENCHMARKER C’EST LA SANTE”

Mais, tant qu’à comparer, mesurer, é-talonner, pourquoi pas ceci:
“NS, MEC BRANCHÉ, TESTE KARLA”

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(1) Vu dans la rubrique de LSP, consacrée au franglish

Ne m’ relaisse pas…

On apprend que les académiciens (voir le blog des correcteurs du site “lemonde.fr”) sont bloqués sur la lettre “R” de leur dictionnaire depuis 2001 et qu’ils planchent actuellement sur le verbe relaisser.

Peut-être pourraient-ils trouver d’autres usages pour ce mot désuet, par exemple en se référant au agapes du Président actuel de notre République:

Nicolas dit à Cécilia:

Ne m’ relaisse pas !
Il faut publier
Tout peut s’publier
Qui s’ensuit (dégâts)
Publier Pétra,
Le trip à Karnak
Et cacher l’arnaque
Au pouvoir d’achat
Publier ces moeurs
Qui choquent parfois
A coups de pourquoi
Ces cons d’électeurs
Ne m’ relaisse pas
Ne m’ relaisse pas
Ne m’ relaisse pas
Ne m’ relaisse pas.

Trésors typographiques en danger

L’association Graphê a constitué en 2004 un collectif “Garamonpatrimoine” pour sauver le patrimoine de l’Imprimlerie nationale, dont les locaux ont été vendus et dont les meubles et collections ont été déménagés sans précaution dans un hangar et se trouvent aujourd’hui en danger de forte dégradation.

Je reproduis ci-contre la lettre adressée récemment à M. le Président de la République, par un ardent défenseur du patrimoine typographique.

Anagramme d’une phrase “mastiquée”

Dans cette phrase, le journaliste a écrit “histrion” au lieu de “histoire”
“Fragonard dans sa liberté est
un monument majeur de l’histrion de l’art”.

Sans ce “mastic”, on n’aurait pas pu produire cette anagramme:
“Instant de malheur : Fragonard
démontre le strabisme d’un journaliste”.

Voir la discussion ici .

La catastrophe du Mont Hudson

Exercice réalisé à partir d’une liste de mots choisis au hasard
(par les treize participants à un exercice d’écriture)

Cœur
Carnaval
Pierre
Maison
Lit
Azalée
Soleil
Catastrophe
Luge
Nuage
Loup
Œil
Mitochondrie
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Logo rallye (1)

Personne n’avait le cœur à festoyer, en ce jour de carnaval. Pierre sortit de la maison, négligeant de ranger son lit défait. Dans le jardin submergé de cendres, il ne distinguait plus la couleur des azalées, d’ordinaire si flamboyantes quand le soleil brillait. Ce matin, il avait vu dans son poste de télé, les dégâts provoqués par la catastrophe du Mont Hudson… et les gamins qui faisaient de la luge sur les pentes poussiéreuses de la colline, toujours baignée d’un nuage de cendres refroidies.
Aux infos du matin, on avait averti que les loups seraient attirés vers les zones habitées et qu’il fallait ouvrir l’œil. Au milieu du paysage que survolait l’hélico des journalistes, on voyait la tache sombre du lac qui, tel une mitochondrie qui digère les déchets de son voisinage, absorbait inlassablement les scories rejetées hier par le volcan.

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Mise en chanson (2)

Personne n’aurait eu le cœur à se réjouir
Ce jour de Carnaval s’annonçait à pleurer.
Pierre sortit de la maison, désemparé.
Négligeant de ranger son lit toujours défait,
Il vit dans le jardin ses azalées mourir

Sous la cendre tombée des cieux.

En ce jour sans soleil, il voyait les images…
La violent éruption, catastrophe annoncée,
Le Mont Hudson crachant son nuage embrasé…
Les luges des enfants, sur les pentes cendrées,
Dévalant sans souci pour le mortel nuage,

Ni pour les loups cernant les lieux.

Du haut de l’hélico, au cœur du paysage,
L’œil du pilote voit cette tache assombrie …
C’est celle du lac bleu, recouvert de scories.
Imitant le travail d’une mitochondrie,
Le lac digère les déchets du voisinage

Echappés du volcan furieux.

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(1) Ecriture d’un texte qui reprend tous les mots de la liste, dans l’ordre; (2) d’après : « Il n’y a pas d’amour heureux », de Louis Aragon ou « La prière » de Francis Jammes, mis en musique par Georges Brassens
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Wana, Lille, le 20 octobre 2007

Les “Verts” s’assoient

Quelqu’un avait publié sur un blog,
la liste des membres de l’Académie Française …
Ils sont 33 en ce moment (7 fauteuils vacants)

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Juste une liste ?
– …. ?
Ah! Non ! C’est un peu court, vieillards !
On peut faire bien mieux, avec ces coquillards,
Qui viennent le jeudi faire un brin de causette
Au bar de l’Institut ! Tenez : c’est MA brochette !

Jean-Denis BREDIN, Hector BIANCIOTTI
Hélène CARRÈRE d’ENCAUSSE,
Assia DJEBAR et Marc FUMAROLI,
Jean DUTOURD, Claude LÉVI-STRAUSS

Pierre NORA, Angelo RINALDI
Et Valéry GISCARD d’ESTAING
Avec Jacqueline de ROMILLY
François CHENG, Yves POULIQUEN

Michel DÉON, René de OBALDIA
François JACOB , Alain DECAUX
Félicien MARCEAU Érik ORSENNA
Pierre ROSENBERG, Max GALLO

Gabriel de BROGLIE, Alain ROBBE-GRILLET,
René GIRARD, Jean d’ ORMESSON
Frédéric VITOUX et Florence DELAY
Pierre-Jean RÉMY, Maurice DRUON

Dominique FERNANDEZ et Michel MOHRT
Jean-Marie ROUART, Michel SERRES
Chacun sera « VERT » jusqu’à ce qu’il soit mort…
En attendant… ils sont tous vers !

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Wana – 30 septembre 2007

Ô Diomira, Ô ma ville

Qu’il est loin ce pays, qu’il est loin
Parfois monte en moi le filigrane
D’un endroit magique d’Italie
Qui me fait revivre toute la Toscane.

Ô Diomira, Ô ma ville, Ô ma ville

Tu partirais de là, d’un bon pas.
Si en allant vers l’Est, tu lambines
Tes trois jours de marche ne suffiront pas,
Pour parvenir au pied de cette colline

Ô Diomira, Ô ma ville,

Tu verras ses soixante coupoles d’argent,
Tu verras resplendir au centre des fontaines
Le visage des Dieux en bronze étincelant,
Ces rues pavées d’étain qui montent de la plaine

Tu verras ce théâtre illuminer le soir
Une fleur de cristal que le soleil arrose
Tu entendras du haut de cette tour d’ivoire
Le coq d’or qui salue chaque matin les roses

Tu les connais déjà, ces beautés éclatantes
Tu les as vues aussi, dans de nombreux pays.
Mais ce qui pousse en toi cette émotion troublante,
C’est quand tu viens ici, lorsque tombe la nuit…

A la fin de l’été, quand les jours sont plus courts,
Qu’on voit briller soudain aux portes des palaces
Un spectre de couleurs qui embrase les tours
Et qu’une femme, au loin, crie : hou !, de sa terrasse…

Alors, au fond de toi, tu envies
Ceux qui en cet instant de leur vie
Pensent qu’ils ont déjà vécu, pareille soirée
Et que cette fois-là, ils se sont enivrés.

Ô Diomira, Ô ma ville, Ô ma ville

D’après Italo Calvino – Les villes invisibles (Seuil)
et Claude Nougaro (Toulouse)
Wana – 19 septembre 2007
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Italo Calvino est mort à Sienne.
C’était il y a exactement 22 ans.


Diomira – définitionnelle

En se mettant en mouvement pour s’éloigner de là et en se déplaçant trois espaces de temps entre le lever et le coucher du soleil, vers le côté de l’horizon où le soleil se lève, l’être humain, de genre masculin et d’age adulte, se situe à Diomira, un milieu géographique et social, formé par une réunion organique et relativement considérable de constructions, avec six fois dix voûtes hémisphériques, constituées du métal blanc très ductile et malléable que l’on trouve en filons à l’état natif ou dans des minerais, des ouvrages de sculpture en ronde-bosse, en alliage de cuivre et d’étain, de l’ensemble des êtres supérieurs doués d’un pouvoir sur l’homme et d’attributs particuliers, des voies bordées de maisons, couvertes d’un revêtement formé de blocs de métal gris très malléable de numéro atomique 50, une construction destinée aux spectacles se rattachant à l’art dramatique, en variété de verre limpide et incolore qui contient généralement du plomb, un oiseau de basse cour, mâle de la poule, en métal jaune brillant inaltérable et inoxydable, qui forme avec la voix une suite de sons musicaux, à tous les moments, pris séparément, qui précèdent ou qui suivent immédiatement le lever du soleil, sur un bâtiment construit en hauteur dominant un ensemble architectural.

L’ensemble de ces belles choses, la personne qui se déplace pour voir de nouveaux pays, les a déjà présentes à l’esprit en tant qu’objets de pensée analysés, pour les avoir perçues par les yeux, aussi, dans des milieux géographiques et sociaux formés par une réunion organique et relativement considérable de constructions, qui ne sont pas les mêmes. Mais la qualité distinctive qui appartient à celui-ci, est que si quelqu’un y touche au terme de son voyage, en une fin de journée pendant laquelle le soleil décline, au neuvième mois de l’année, quand les espaces de temps entre le lever et le coucher du soleil deviennent plus courts et que les sources de lumière, qui présentent des couleurs variées, deviennent brillantes simultanément, aux devantures des magasins de marchands de frites et que d’une plateforme en toiture de maison, l’organe de la parole d’un être humain de genre féminin et d’age adulte, pousse un cri : hou !, il finit par jalouser ceux qui, au moment actuel, imaginent qu’ils ont déjà eu l’expérience d’une période de temps semblable, comprise entre le déclin du jour et le moment où l’on s’endort et qu’ils ont joui, dans cette circonstance, du bonheur.

Italo Calvino – Les milieux géographiques et sociaux, formés par une réunion organique et relativement considérable de constructions, qui échappent à la vue – (Limite inférieure) –
Énoncé dans une autre langue, en tendant à l’équivalence sémantique et expressive des deux énoncés, à partir de la langue issue du dialecte toscan, par Jean Thibaudeau

Obtenu en remplaçant chaque substantif, adjectif et verbe, du texte source , par la définition qu’en donne le Petit Robert 2007

Wana – 19 septembre 2007

Diomyruse

J’aimerais partir des Abruzzes
Marcher trois jours vers le levant
Pour arriver à Diomyruse
Voir ses cent coupoles d’argent,

Voir cette Scala cristalline
Tous les dieux coulés dans l’airain,
Ce coq d’or qui chante matines,
Et ces pavés gainés d’étain.

Ces beautés, je les connais toutes
Déjà vues dans d’autres cités…
Mais ici, ce qui nous envoûte,
C’est quand vient la fin de l’été,

Qu’on arrive un soir de septembre
Et qu’aux portes des friteries
Les néons s’allument ensemble
Et qu’au loin retentit un cri…

On envie celui qui s’abuse,
Pensant qu’il a vécu ici,
Un soir heureux, à Diomyruse
Et qui s’en souvient à Bari.

D’après Bernard Dimey (Syracuse)
et Italo Calvino (Les villes invisibles )

Wana – 8 septembre 2007

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