Je demeure à distance. Au lointain, j’aperçois la pancarte “ZOLL”. Cette frontière imaginaire, fine ligne au sol, trace une limite symbolique. On découvre soudain avec émotion l’air léger, un espace divers, un même ravissant paysage quoique comme nouveau, un même odorant itinéraire, cependant qui épouse plusieurs variantes, contourne moult obstacles. Belle graphie pour multiples signes gravés. Toutefois, chaque moindre détail se signale. Presque un rien : boulangers, mitrons, pétrin, farine, qui fabriquent des pains que notre goût savoure aussi goulûment, mais cuits, modelés à des coutumes où l’étrange surprend, comme le désir d’autres formes nous le réserve (…)
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100 mots (99 Décimales du nombre e)
e = 2,
718 281 828 459 045 235 360 287 471 352
662 497 757 247 093 699 959 574 966 967
627 724 076 630 353 547 594 571 382 178
525 166 427
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Ceci est une interprétation libre d’un texte de Georges Perec, extrait de l’ouvrage “Espèces d’espaces”
Passer une frontière est toujours quelque chose d’un peu émouvant : une limite imaginaire, matérialisée par une barrière de bois (…) suffit pour tout changer, et jusqu’au paysage même : c’est le même air, c’est la même terre, mais la route n’est plus tout à fait la même, la graphie des panneaux routiers change, les boulangeries ne ressemblent plus tout à fait à ce que nous appelions, un instant avant, boulangerie, les pains n’ont plus la même forme (…)
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Wana – 10 mars 2009
(exercice réalisé pour la soirée oulipienne du 22 mai, organisée par Zazie Mode d’Emploi,
dans le cadre des “Trois jours du Livre” de Lille 3000)



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