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Passer la frontière pour toujours ! Une chose facile, un rêve émouvant : la limite, ici matérialisée présente une métaphore de miroir (…) Suffit-elle ?
Tout bouge et le paysage supportera cela ? Et le vent, air turbulent, est-il, même, inversé ? Mais… Chaque route, qui est tracée tout droit, fait le même angle ?
Graphie retournée, panneaux illisibles… : « change » pour « boulangeries » ! Nous ressemblent-ils, tout au fait de ce qui nous différencie ? Un profil avant… ; après, les yeux ne lancent plus le même regard (…)
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NB: l’expression “jusqu’au” a été prise comme un tout (un seul mot).
Le “c”-apostrophe et “n”-apostrophe ont été remplacés par les mots complets “cela” et “ne”
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Les impairs, cette fois (pour un tout autre récit !)
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@ une @ est @ quelque @ d @ peu @: une @ imaginaire, @ par @ barrière @ bois (…)@ pour @ changer, @ jusqu’au @ même : @ est @ même @, c @ la @ terre, @ la @ n @ plus @ à @ la @, la @ des @ routiers @, les @ ne @ plus @ à @ à @ que @ appelions, @ instant @, boulangerie, @ pains @ ont @ la @ forme (…)
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Avoir une colique est en quelque sorte de nature peu sérieuse: une maladie imaginaire. Obstrué par cette barrière, je bois (…), exagérément, pour me changer complètement, jusqu’au soulier même : on est quand même propre ! Cela enrichit la bonne terre, quand la tripe n’arrive plus totalement à contenir la pression. La disgrâce des pauvres routiers malades les bouleverse : ne pouvoir plus aller à reculons à ce que nous appelions une « instant-flood-boulangerie » : quelques pains y ont pris la scatologique forme (…)
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Texte source de Georges Perec, extrait de l’ouvrage “Espèces d’espaces”
Passer une frontière est toujours quelque chose d’un peu émouvant : une limite imaginaire, matérialisée par une barrière de bois (…) suffit pour tout changer, et jusqu’au paysage même : c’est le même air, c’est la même terre, mais la route n’est plus tout à fait la même, la graphie des panneaux routiers change, les boulangeries ne ressemblent plus tout à fait à ce que nous appelions, un instant avant, boulangerie, les pains n’ont plus la même forme (…)
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Wana – 13 mars 2009
(exercice réalisé pour la soirée oulipienne du 22 mai, organisée par Zazie Mode d’Emploi,
dans le cadre des “Trois jours du Livre” de Lille 3000)