Ballade danoise pour temps de crise
Ne croyez pas ce qu’on vous dit dans les média !
A Copenhague on joue au jeu de cache-cache
Sous le beau chocolat, une infâme ganache !
Tentons d’appréhender ce qu’on ne nous dit pas !
Ainsi, en quelques jours, on ferait un accord
Où les pays nantis prendraient toutes mesures
Propres à écarter, pour les années futures
Les dangers d’un climat qui changerait trop fort.
Quelques jours pour dresser, en concertation,
Le schéma des périls, dont on sait qu’ils grandissent,
Tenter d’équilibrer le poids des sacrifices
Entre les pays forts et les faibles nations.
Que n’avions nous songé, alors qu’il était temps,
Qu’un jour viendrait où l’homme, en exploitant la Terre,
Produirait trop de gaz, qui font “l’effet de serre”,
Et creuserait sa tombe, avant qu’il soit longtemps ?
On voit donc, d’un côté, ceux qui mènent la course,
Ceux qui ont pu jouir d’un développement
Sans contrainte et qui ont, sur tous les continents
Pour plus de deux cents ans, profité des ressources.
Ceux-là même qui ont joué de leur puissance
Pour permettre à leur vie d’atteindre le confort,
Qui ont tout assouvi, au prix de maints efforts,
Pour écarter du jeu ceux qui sont en souffrance.
De l’autre on voit les gueux, les pouilleux de la Terre,
Ceux qui ont cru en vain qu’on leur compenserait,
Par un juste retour, d’une part des bienfaits
De la modernité, leur native misère.
Ces pays d’anémie, ces peuples indigents,
Ces petites nations inféodées aux grandes
Que quelques dirigeants, assoiffés de prébendes,
Ont entraînées au fond, en détournant l’argent.
Force est de constater, en refaisant les comptes
Qu’un quart d’humanité, contre trois autres quarts,
A mangé du pain blanc et a fait tout son lard,
Au détriment de ceux qui, de surcroît ont honte…
… Honte de n’avoir plus qu’un espoir de survie,
En quémandant de l’aide aux seigneurs du négoce,
Qui leur ont tout volé, ne laissant à leurs gosses
Que des miettes de pain pour calmer l’appétit.
Or, on s’en aperçoit, venant à Copenhague,
Un tel comportement ne peut plus nous berner.
Et les pays du “Nord”, devront bientôt donner
Ce qui revient au “Sud”, pour éviter la vague…
La vague de révolte, en pleine formation
Le bruit d’un tsunami qu’on refuse d’entendre,
Mais dont chacun sait bien quelle part il doit prendre !
Et qu’on nomme “Conflit de civilisations”.
Nos peuples engagés dans le consumérisme,
Ont privé de leurs biens, les autres continents
Nous avons fomenté ce vaste mouvement :
Sur la misère extrême a grandi l’extrémisme !
Il faudra rembourser cette dette historique,
D’un développement du monde occidental
Qui s’est fait sans souci environnemental,
Et qui a engendré les effets climatiques.
Nous n’allons pas “payer” que pour l’effet de serre,
La question ne tient pas qu’à l’environnement…
Et les peuples privés de développement
Voudront qu’on leur apporte et l’art… et la manière !
Ils ont besoin de nous pour conjurer la faim,
De nos médicaments contre les pandémies,
De notre aide, au moyen de nos technologies
Pour qu’ils prennent, enfin, leur destinée en main.
Pour qu’ils puissent grandir, en restant vertueux,
Qu’ils puissent préserver, comme nous, l’atmosphère,
Nous devrons assumer les coûts supplémentaires
D’un développement “durable”, mais couteux.
Le bilan, c’est qu’il faut bien ancrer dans nos têtes
Que nous avons mangé notre pain blanc, déjà !
Et qu’un tel jour ne se représentera pas
Pour décider, enfin, de payer notre dette.
Faute d’y consentir, d’abandonner un pan
De nos niveaux de vie pour leur venir en aide,
Les peuples démunis périront, sans remède
Mais nous feront payer la note, en explosant !
Nos pays n’ont pas vu où menait l’égoïsme.
Sur la misère extrême a grandi l’extrémisme !
Envoi
Crois-tu, lecteur, qu’à Copenhague,
Nos représentants besogneux,
Ont bien perçu tous les enjeux
Avant que déferle la vague ?
Je crains qu’en nous donnant le change
Avec des arguments spécieux
Nos émissaires insidieux
Passent à côté du challenge.
Et je devine qu’en faisant
Cette approche velléitaire
Des défis menaçant la Terre
Ils cherchent un échec cuisant.
—— Wana — 16/12/2009 ——