J’ai essuyé à cent reprises
L’humiliation de mon parti
Depuis que j’ai posé ma mise
Sur un numéro tout petit
Mais ce soir je sens que j’encaisse
Beaucoup plus souvent qu’à mon tour
Le contrecoup de ses promesses
Qu’il me faisait dans ses discours
C’est mon ami et c’est son mètre
Soixante deux qui m’a séduit
Dès que je le vis apparaître
Je me sentis déjà tout cuit.
Je l’avais connu comme traitre
Maintenant c’est moi qui le suis.
J’adorais sa Rolex qui brille
Comme ce vieux coq du Poitou
A la pendule et ses aiguilles
Avait voué un amour fou
Mais à l’heure où sonne la cloche
Du Fouquet’s, devant les fourneaux
J’ai compris que ce serait moche
De finir garni de pruneaux.
C’est mon ami : se faire mettre
Par un complexé tel que lui
Au quai d’Orsay pour y paraître
Bien plus con que Douste-Blazy,
C’est plus dur qu’aller à Bicêtre
Au pavillon des abrutis.
Et je suis tombé sous le charme
De la smalah de Khadafi
Puis j’ai dû, en visitant Parme
Féliciter Berlusconi.
J’ai aussi gobé des couleuvres
Pour la visite à Ben Ali
J’ai rendu hommage à son œuvre
Pour la liberté des esprits.
Mais, à mon ami, à son mètre
Soixante deux j’ai dit : « Suffit ! »
Tes conseils, je les envoie paître
J’en ai déjà assez subi.
Il me reste des kilomètres
Pour transporter mon sac de riz.
D’après Serge Lama
— Wana — 07/10/2010 —
