Rondeau redoublé de la retraite

Cette réforme est arbitraire
Tous ont longuement pinaillé
Assemblée, Sénat, Ministères
Ils ont voulu nous empailler

Il faudra bientôt ferrailler
Jusqu’à pourrir au cimetière
Sans avoir touché nos loyers
Cette réforme est arbitraire

Tant sera longue ta carrière
Soixante sept ans travaillés
Que nul n’entendra ta prière
Tous ont longuement pinaillé

Les députés se chamaillaient
Et les sénateurs s’agitèrent
Mais ils se sont encanaillés
Assemblée, Sénat, Ministères

Et la rue devenait guerrière
Quand le syndicat bataillait
Jusqu’à l’extrémité dernière
Ils ont voulu nous empailler

Travailleur cadre ou employé
Demain il poussera du lierre
Au bord de ton ultime pierre
Le seul confort qu’a octroyé

Cette réforme

 

— Wana — 28/10/2010 —

“Liliane ! Fais les valises : on dépayse !”

tartignolabrantesque
Titre du Monde-fr

Affaire Woerth-Bettencourt: “laisser ses prérogatives au procureur Philippe Courroye n’était plus tenable”

Avec le dépaysement des dossiers  Bettencourt-Woerth,
la justice attribue sa vraie fonction au procureur qui  devient Courroye de transmission, guidé par un réa, justement !

——— Wana — 27/10/2010 ———

Prenons-en de la graine…

tartignolabrantesque

Dans son adresse prononcée lors de
la séance de rentrée de l’Institut de France, Jean-Christophe Rufin a SEMÉ le doute !
« Le doute est une plante qui pousse souvent
sur les décombres de la puissance. »

J’ai noté par ailleurs dans son discours,
cette formule pour le moins audacieuse :

« bla… bla… bla… c’est faire apparaître une EVIDENCE CACHEE… bla… bla… bla… »
On en déduit que…
une EVIDENCE CACHEE
n’est plus un secret pour personne !

Notons que cette plante miraculeuse,
le doute, pourrait aussi bien pousser
sur les décombres de l’incompétence
ou sur ceux de la vanité.

—— Wana — 26/10/2010 ——

tripes (les)

tartignolabrantesque
Titre * du Monde-fr

Céline Dion accouche de deux jumeaux à West Palm Beach

Lorsqu’on est un “fan” de Céline Dion, on a le droit d’être déçu ! De la part d’une aussi grande vedette, accoucher de deux jumeaux, c’est un peu mesquin… Trois jumeaux, c’était la moindre des choses, non ?

——— Wana — 24/10/2010 ———

* Titre corrigé le 25/10/2010

Anagrammite

Flambée de violence pour les retraites
(les journaux)

Bête, Sarco sue… Trempé ! Il a rêvé de Fillon !
Fillon empêtré, se bute : il a rêvé de Sarco !
Sa fidélité pour Sarco l’embête, l’énerve.
Francois a pesté : révolte dure… embellie !
Olé ! Vacarme, bruit,… folie… le désespèrent.
Pour… contre… L’Assemblée défaite le vire :
« Ta veste… pour la belle reforme indécise ! »
Père Fillon éructe. « Merde ! Si la base vote…
faut revoter la loi ! Merde ! Ces plébéiens ! »
Flambée de violence pour les retraites…

— Wana — 22/10/2010 —

Autoportrait d‘un modèle en plein doute

Il y a quelques temps, paraissait dans Le Monde un article relatant de récents résultats obtenus par la science, quant à expliquer la “soupe primordiale” qui a donné naissance à notre Univers.
Cela m’a donné une idée, dont la réalisation figure ci-dessous.
Evidemment, je me suis bien gardé de demander à mon ami Gef, astrophysicien au génie méconnu, l’autorisation d’écrire ces inepties…
Ça m’aurait gâché le plaisir !
—————————–

Autoportrait d‘un modèle en plein doute : le Big bang

Ma fonction consiste à avoir été et continuer à être valide jusqu’à la fin. A être valide dans le domaine le plus vaste possible. C’est une fonction de paradigme. D’abord parce que lorsqu’il est établi pour une discipline précise, le paradigme aspire à s’élargir au domaine le plus vaste possible, ensuite parce que lorsqu’il y a plusieurs paradigmes établis, ils veulent tous s’élargir davantage les uns que les autres.
Une fonction spéculative.
Je suis le Big-bang.
Il y a eu Akhenaton, il y a eu Aristote, il y a eu Kepler, il y a eu Maxwell, il y a eu Bohr et les statisticiens quantiques et, depuis Penzias et Wilson, il y a moi. Je suis le fossile le plus vivant de l’Univers et d’ici peu, le LHC me fera renaître.
Je suis le paradigme le plus universel de la science, le plus abscons, le plus inexplicable et ma fonction consiste à fabriquer de l’avenir.
Tous les grands paradigmes fabriquent de l’avenir.
S’étendre au plus vaste domaine c’est d’abord se généraliser autrement ; de façon à multiplier les découvertes et les théories.
Faire comprendre. Se généraliser de telle manière que d’autres modèles restent courts dans leurs ambitions et qu’on s’évertue à vous démolir, jusqu’à ce que la communauté scientifique entière passe son temps à vous confirmer.
Dans le développement d’un modèle on ne peut envisager qu’un avenir génial et un seul.
Les physiciens quantiques sont arrivés dans la communauté avec la réputation de « fous destructeurs » de l’électromagnétisme ; vingt ans plus tard les vingt-cinq prix Nobel de physique adoptaient leur modèle.
Et en conséquence, il y a moi.
Être le Big-bang primordial est un rôle qui exige l’universalité absolue et une cohérence théorique totale. Je modélise à temps plein. Je modélise sur les cordes qui sous-tendent l’espace à l’infini. Je regroupe cinquante domaines de la physique pour mieux modéliser. Je souris à l’astrophysicien et au radio astronome, parce que je sais qu’ils m’aident à modéliser. Je casse la tête du mamouth géophysicien climato-sceptique qui est nul, parce que je sais que ça m’aidera à modéliser.
Prenez deux paradigmes à égalité de structure et de vulgarisation, sur la même théorie, mettez-les face à face et c’est toujours moi qui modélise le mieux.
Le rayonnement du corps noir, chauffé à Planck, je l’explique 6,626 10-34 fois par seconde. Les courbures de la lumière autour des amas galactiques, qui vous font prendre une vessie pour deux lanternes, je les réalise toutes les nuits. Je mesure l’éloignement de toutes les galaxies au parsec près et à 0,99 c, je les vois passer au ralenti.
J’ai aussi des théories prévues pour ces observations imprécises et troublantes que le hasard des collisions de hadrons nous réserve. Les faisceaux torsadés de particules élémentaires qui permettent à un William Henry Bragg, le sosie de
Fournel, de devenir un champion de la boule de cristal.
Tout compte dans votre universalité.
Un jour, l’essentiel devient la longueur d’onde dans le vide d’une radiation orangée émise par l’isotope 86 du krypton. C’est le krypton qui fait l’étalon. Vous avez mesuré quatorze fois la dix-millionième partie du quart du méridien, vous avez raboté aux deux bouts le prototype en platine iridié, vous êtes mis en colère et vous avez perdu vos références, parce que quelqu’un est venu vous demander à quoi correspondaient 1 650 763,73 longueurs d’onde dans le vide d’une radiation orangée émise par l’isotope 86 du krypton.
Quand il fait nuit, je modélise, quand un trou noir passe à table, je relativise. Je prévois le temps qui s’écoulait hier, j’anticipe le rayonnement qui subsistera dans 13,7 milliard d’années. Mes fermions et mes bosons sont intraitables, j’interdis aux muons de perturber les autres leptons.
Lorsque le LHC libère le faisceau, il injecte des milliers de milliards d’électronxvolts. Après, il reste une soupe originelle, opaque, qui refroidit le plus vite possible pour émettre d’hypothétiques bosons de Higgs dans toutes les directions.
C’est la loi.
Et puis, il y a le moment qui arrive forcément dans le développement d’un modèle, le seul moment de vrai doute, de doute absolu. Le doute sur le Big bang.
Vous avez conceptualisé la gravitation et l’espace courbe, vous attaquez l’expansion de l’Univers et vous introduisez cette minuscule erreur de constante, cette dissymétrie de rayonnement stupide (qui n’est pas un effet relativiste, puisque, à la vitesse de la lumière, on se moque bien de la relativité !) qui projette dans l’espace cette matière noire dont on ignore tout. Et là, c’est le vrai doute, le doute immense. Vous avez surévalué la constante de Hubble, le décalage vers le rouge diminue, l’Univers ralentit. Plus rien n’a d’importance, vous n’êtes plus un paradigme valable, vos trois premières secondes, on s’en fout désormais, vous savez que vous vous dirigez inexorablement vers le Big Crunch.

Wana – le 2 juin 2010
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selon de modèle de Paul Fournel “Le descendeur “.

Sonnet des dix mots maudits

Sur ce granit compact, un rien moins qu’accueillant
On cherche en vain un trou, un pli, une échancrure
La moindre aspérité, un fil, une fissure
Qui barrerait ce torse harmonieusement.

Las ! Sur ce bouclier, la surface est trop lisse
On ne peut progresser, pas même avec les mains.
Mais dans un cas extrême, il nous reste un moyen
Le crochet goutte d’eau sera notre complice

Fragilement ancré, pour sauver la cordée,
On lui joint une échelle ou notre poids se porte.
Avec délicatesse, on grimpe de la sorte.

Arrivé tout en haut, nous pourrons réseauter,
Convier nos amis en chœur à nos agapes
Si le goût du fruit mûr ne nous force à la trappe !

D’après O. Salon (“El Capitan “, Ed Guérin, 2006) et
Le Ministère de la Culture
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Ce texte est construit, comme un logorally, à partir des dix mots sélectionnés par le Ministère de la culture, pour la prochaine Semaine de la langue française et de la francophonie qui se déroulera du 13 au 20 mars 2011 (Journée internationale de la francophonie) :
accueillant, agapes, avec, choeur, complice, cordée, fil, harmonieusement, main, réseauter
(ne me demandez pas à quelle nécessité répond l’invention du verbe “réseauter” qui signifie : se constituer un réseau de relations afin d’en tirer éventuellement parti dans un but professionnel)

Autoportrait du grimpeur

Autoportrait de l’homme en déséquilibre : le grimpeur

Mon plaisir consiste à grimper du bas de la montagne jusqu’en haut. A grimper le plus vite possible. C’est un plaisir de jobastre. D’abord parce que lorsqu’il est en bas, le dingue a envie de grimper le plus vite possible, ensuite parce que lorsqu’il y a plusieurs jobastres en bas ils veulent tous grimper plus vite les uns que les autres.
Un plaisir psychotique.
Je suis grimpeur.
Il y a eu Roger Frison-Roche, il y a eu Maurice Herzog, il y a eu Edmund Hillary, il y a eu Walter Bonatti, il y a eu les Anglais et, maintenant, il y a moi. Je serai, cette année, premier de cordée au sommet du G20 et aux prochains jeux d’hiver, j’aurai une pièce en or de vingt euros.
Je suis l’homme le plus équilibré sur la paroi, le plus calme, le plus décentré, et mon souci est de fabriquer du mouvement.
Tous les grands grimpeurs fabriquent du mouvement.
Grimper plus vite c’est d’abord grimper autrement ; de façon à semer l’inquiétude et le doute. Faire peur. Progresser de telle manière que les autres soient persuadés que vous ne parviendrez pas au relais, jusqu’à ce qu’une génération entière grimpe comme vous.
Dans une vie de grimpeur on ne peut inventer qu’un mouvement génial et un seul.
Les Anglais sont arrivés sur le cirque avec la réputation de « fous pendulaires », deux saisons plus tard les cinquante top grimpeurs du circuit pendulaient comme eux.
Maintenant il y a moi.
Être un grand grimpeur est un état qui exige un don absolu de soi-même et une concentration totale. Je grimpe à temps plein. Je grimpe en dévalant les pentes neigeuses sur mes skis, en plein hiver. Je vis avec un sac à dos rempli de cinquante kilos de ferraille pour mieux grimper. Je souris au moniteur de varappe parce que je sais qu’il m’aide à grimper. Je casse les pieds au randonneur qui est nul parce que je sais que cela m’aidera à grimper.
Prenez deux fous furieux à égalité de poids et de matériel, au bas de la même voie, mettez-les à côté l’un de l’autre et c’est toujours moi qui grimpe le plus vite. Le « Nose » qui Forme le dièdre de El Capitan, à Yosemite, je le fais mille fois par semaine. Le « crux » de la voie “La Rose et le Vampire” à Buoux, celui qu’on passe en exécutant un derviche, je le fais chaque soir avant de me coucher. Je sais toutes les voies du circuit au centimètre et à dix pieds minute, je les jaunis par la pensée.
Je me prépare aussi pour ces « randos » faciles et à pente molle que les hasards du calendrier nous imposent. Les escaliers en colimaçon qui permettent à un Jean Sablon, le crooner, de devenir un champion de la grimpette.
Tout compte dans votre carrière. Un jour l’essentiel devient la position de votre annulaire. C’est l’annulaire qui fait la réussite. Vous avez ajusté vos chaussons, vous avez recaké quatorze fois vos mains et vos semelles, vous êtes mis en colère et vous avez loupé un graton à Saint Pancrasse sur le Luiset, parce que dans le dévers de la 8b vous vous êtes demandé s’il fallait placer votre index ou votre annulaire dans le bidoigt.
Quand je dors, je travaille, en mangeant je travaille. Je révise mes jetés, je repasse mes prises. Mes biceps et mes arpions sont intraitables. Je porte sans cesse sur la cuisse la marque du harnais. Lorsque je m’élance sur la dalle de départ, je libère des tonnes de travail. Après, il reste un grimpeur sur la voie qui n’a plus ni yeux, ni tête, ni jambes et qui grimpe pour arriver en haut de la paroi plus vite que les autres jobastres.
C’est la règle.
Et puis il y a le moment qui arrive forcément dans une vie, le seul moment de vrai repos, de repos absolu. Le repos du grimpeur. Vous avez franchi le toit en no foot, vous tendez vos doigts vers la réglette et vous faites cette minuscule erreur de manipulation, cette petite faute stupide (qui n’est pas d’inattention, puisque les grimpeurs ignorent l’inattention) qui vous fait louper de quelques centimètres le mousqueton de la dégaine. Et là, c’est le vrai repos. La corde s’emmêle dans le huit, vous criez «sec !» pour qu’on vous assure en moulinette et vous sentez votre main lâcher prise. Plus rien n’a d’importance, vous n’êtes plus un grimpeur, vos muscles se relâchent, votre esprit se libère, vous savez que vous allez yoyoter pendant un moment !

D’après Jean Sablon, “Quand je monte chez toi…”
et Olivier Salon, “El capitan” (extrait ici )
selon de modèle de Paul Fournel “Le descendeur “.
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NB = Certains termes techniques ont été trouvés (et très librement ad(o/a)ptés) dans le lexique de Wikipedia

On trouvera en librairie (depuis quelques jours) un recueil de textes “Autoportraits”, tous composés sur le même modèle par les membres de l’Oulipo : “C’est un métier d’homme“, Ed Mille et une nuits, sept 2010.

La complainte de l’abrupte

Sur la face lisse
Du granit qui glisse
Pas le moindre trou
Pas un trait qui saille
Pas la moindre faille
Pour planter un clou.
Ce poitrail superbe
Comme un corps imberbe
Pourrait t’effrayer
Il bombe le torse
Il montre sa force
Comme un bouclier

Sur la voie raide et abrupte, pas moyen d’avancer
Il faudra bien pourtant trouver comment progresser

Lorsqu’aucune encoche
Ne barre la roche
Il reste un espoir
Un machin infime
Le moyen ultime
Le truc des grands soirs
Ce moyen unique
Crochet métallique
Pour les gouttes d’eau
Voilà qu’il accroche
L’écaille de roche
Comme un grain de peau

Sur la voie raide et abrupte, pas moyen d’avancer
Il faudra bien pourtant trouver comment progresser

La petite échelle
Qui forme margelle
Peut te supporter
Il faut être leste
Mesurer tes gestes
Ne rien bousculer
Sous le poids des tripes
Le crochet s’agrippe
Tu peux t’élever
Sur quoi tu reposes…
Pense à autre chose !
Tu sens l’air vibrer

Sur la voie raide et abrupte, pas moyen d’avancer
Il faudra bien pourtant trouver comment progresser

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— Wana — 29/08/2010 —

D’après « La Complainte de la butte »
Paroles : Jean Renoir, musique : Georges Van Parys
et le texte source ci-dessous,extrait de « El Capitan », Olivier Salon, éditions Guérin, 2006
Crochet à goutte d’eau

El Capitan (Yosemite park)

El Capitan

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