Emaux et gemmes des mots que j’aime

L’état major de la Marine, qui occupe l’hôtel anciennement dénommé “hôtel du garde-meubles”, avant la révolution, situé place de la Concorde, déménagera bientôt ses services dans un ensemble de bâtiments en projet, situés Porte de Sèvres (où se trouve actuellement le Ministère de l’Air). L’État qui a grand besoin d’argent pour combler son déficit budgétaire va vendre les locaux, en principe au plus offrant… on espère au “mieux disant”, aussi ! Pour la reprise de l’Hôtel de la Marine, si admirablement situé rue de la Paix (la zone la plus chère du Monopoly, version française) et dont le résident de l’à-peu-près public a dit, dans un français impeccable : “Qu’est-ce qu’on voit… c’est que des péniches”, une multitude de candidats* se bouscule au portillon pour répondre à l’appel d’offres que l’État a lancé à l’automne. Bousculade d’autant plus intense que, déjà, naissent des rumeurs de favoritisme et autres soupçons que les dés sont pipés. Les projets vont de l’hôtel de grand standing (faisant le pendant du Crillon, son jumeau, situé sur l’autre trottoir de la rue de la Paix), aux boutiques de grand luxe, en passant pas la grande salle de conférences, la salle de grands concerts, l’espace de grandes réceptions officielles ou, peut-être même, la grande tente de camping pour le prochain séjour de Khadafi.  Ne soyons pas trop inquiets: si, par hasard, on devait ouvrir une crèche maternelle, dans ce bâtiment, ce n’est pas là que Lefebvre irait vérifier, par analyse de l’ADN, les tendances criminelles des enfants de riches en costume de marin ! On y trouverait des assistantes maternelles doctorantes en puériculture, ayant appris à donner la becquée aux bébés, avec une cuillère en argent. Reste à savoir si, d’ici-là (après le déménagement en 2014), une autre “Marine” aura investi d’autres palais prestigieux…

Cette longue introduction (il faut bien que je passe mes nerfs sur quelque chose…) me permet de noter que la conservation du patrimoine national n’est pas une mince affaire et que, gestion privée ou pas, le monument restera sans doute soumis à la réglementation des sites classés historiques. Cette histoire tourmente (un peu) l’une de mes amies internaute (et aussi lectrice de ce blog) : Isabelle (elle “est du bâtiment”, si je puis dire…) a écrit sur son blog à ce sujet et proposé (pour se calmer les nerfs aussi… je crois) une série de 19 rimes en “ise”. J’ai dû en ajouter une vingtième pour écrire le poème qui suit.

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Rondeau pour l’Hôtel de la Marine

Pour ce splendide hôtel, objet de convoitise,
Chacun montrait ses dents, sa grande gourmandise.
Mais tous s’en souciaient, comme d’une cerise
Des travaux délicats qu’exigeait l’expertise

L’un s’y voyait flottant, dans une ambiance exquise,
Avec ses invités, dînant de friandises
Il dessinait déjà l’imposante marquise
Pour ce splendide hôtel, objet de convoitise.

L’autre aurait bien conçu d’y loger la maîtrise
D’une école de chant. Mais, comble de bêtise,
Un autre y étalait ses lots de marchandises
Chacun montrait ses dents, sa grande gourmandise.

Les Marins n’avaient pas, insigne balourdise,
Pris “Fluctuat nec mergitur”, comme devise
Et on les expulsait, pour avoir la mainmise
Mais tous s’en souciaient, comme d’une cerise.

Il fallait, maintenant, assurer la reprise
Et des faux conseillers écarter la traîtrise
Lorsque tant d’ignorants devisaient à leur guise
Des travaux délicats qu’exigeait l’expertise

Le petit âne aigri, pour une simple bise,
D’un ou deux aigrefins, s’était fait la valise,
Les laissant s’étriper et poser leurs balises,
Et ouvrant, pour longtemps, une zone de crise

Pour ce splendide hôtel.

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— Wana — 22/01/2011 —

* si vous souhaitez être candidat, sachez qu’il est encore temps, juqu’au 7 février , d’envoyer votre dossier de candidature… mais il est déjà trop tard pour poser des questions écrites !