Vases communicants – décembre 2011

« Wanagramme » accueille aujourd’hui ce texte de Christine Leininger De ma main sur ta joue et Wana, en échange, publie un poème sur son blog “Les embrassés”, puisque :
Tiers Livre et Scriptopolis sont à l’initiative d’un projet de vases communicants : le premier vendredi du mois, chacun écrit sur le blog d’un autre, à charge pour chacun de préparer les mariages, les échanges, les invitations. Circulation horizontale pour produire des liens autrement…
“Ne pas écrire pour, mais écrire chez l’autre.”

La liste des participants se trouve sur un blog dédié à ce seul usage, tenu à jour, mois après mois, par Brigetoun.
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De ma main sur ta joue

Dans les grands draps tendus sous les toits de mon enfance, l’odeur du linge se mêle à l’ô tant chéri. Ta peau se parchemine quand dans un sourire tu retrouves l’éclat. Et les claques de coton font encore vibrer l’air où je me réfugie pour l’avaler.
Tout était grand, même l’air.

Visage froissé, décooquillé se vente, se fend, se plisse, s’espère.
Peu de pluie plie les tuiles légères et déshabillées. Quand elle roule, elle se cabosse et câle dans les creux de la terre ses hélices bleu-vert. D’un doigt tu la retiens et glisse sur sa paroi un dos d’émoi. Ronde elle tourne sur le monde.

Et puis il y avait cette chambre fiancée à mon adolescence où craquait le parquet et où les devenir attendaient. Elle madeleinisait mon impatience.

Bleu de bille roule quand son vent rouille. Et cogne les eaux rangées par odeurs.

Ta voix crépite et douce les ans. La voile crée pitre et tout se lèsant, les mots s’altruisent et toujours aidant, je sens le temps tendre ses pièges à ton visage et tes oubliances.

Je rongis le carré de fenêtre jauni dans le noir des façades. Le rond gît, l’égarée de renaître jolie dans les émois des fadasses.

Les mois abusent les ans. L’émoi a bu s’lésant. Dans le fond d’une poche, les grains de sables froissent mes doigts désalés. Quand le font des proches, les gains de “ça” froids s’aiment, doivent dé-salir.

Et je lisse ton âge de ma main sur ta joue.


Christine Leininger

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Hollande : “L’autre pays du naufrage”

C’est une amie, spécialiste en Habiletés, qui m’a mis sur la voie, en composant le 5ème vers, que je me suis approprié, ci-dessous.

La chair fond, selon
Fillon : “Hard, sa noce !”

Le chas noir fond. La
fille a son con “hard” !
“Allons ! Chéri, à fond !
Choral ! Dans le fion ! “

Il fond, NS ! “Ohé Carla !”
L’ânon ficha d’ors le
nichon floral de sa
nana folle d’orchis,
à Chalons… De l’or fin !

Fillon, de son char, a
frôlé son chandail.
Le filochard sonna :
Il fondra son châle,
là, son châle d’or fin !
“Ah, çà ! Filons… Le Nord !”

Fillon dansa ! Ô cher
Francois Hollande,
“Chaland-Solférino”.

— Wana — 19/11/2011 —

Ballade des âmes des gens trahis

A soixante ans point n’est saison
De vouloir tourner une page
On dira folle déraison
Que faire valoir son grand âge
Lors qu’après longtemps de chômage
On ne perçoit plus un radis,
Prendre retraite n’est point sage
Pour la rigueur qu’on nous prédit.

Tel qui pour soigner sa maison
S’enquiert d’une aide de ménage,
Qui pour hâter sa guérison
De médicaments fait usage
N’aura plus aucun avantage :
“Marche ou crève !” C’est ce que dit
La loi où s’inscrit le chantage
Pour la rigueur qu’on nous prédit.

Ceux qui pour d’autres horizons
Ont gonflé d’argent leurs bagages
Ceux qui ont tondu la toison
Des pauvres gens, contre aucun gage
Promoteurs jouant de mirages
Et dont la fortune fondit
Se voient offrir un rattrapage
Pour la rigueur qu’on nous prédit.

Envoi

Jourd’huy, Prince, oyez le message
Qu’aucun nouveau mensonge ourdi
Onc y trouverez sauvetage
De la raclée qu’on vous prédit.

— Wana — 16/11/2011 —
(inspiré par Montcorbier)

Vases communicants – novembre 2011

« Wanagramme » est tout réjoui d’accueillir ce texte de J.W. Chan “Les Grilles” et Wana, en échange, raconte chez lui comment il est devenu, le temps d’un voyage, un Berlinois psychotique, puisque :
Tiers Livre et Scriptopolis sont à l’initiative d’un projet de vases communicants : le premier vendredi du mois, chacun écrit sur le blog d’un autre, à charge pour chacun de préparer les mariages, les échanges, les invitations. Circulation horizontale pour produire des liens autrement…
“Ne pas écrire pour, mais écrire chez l’autre.”

La liste des participants se trouve sur un blog dédié à ce seul usage, tenu à jour, mois après mois, par Brigetoun.
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Les Grilles

J’ai dit à Franck *
→→— On y va ?
(Franck c’est pas le type causant, à la promenade rien, à la douche rien, quand il prend un coup rien, à table “Merci”)
Franck il a dit
→→— oui
c’était beaucoup pour moi
là j’ai compris que c’était un ami, ça avait mis des années pour
donc d’abord on a dessiné les lignes horizontales, genre horizons des Préalpes – quand tu vois dix sept plans successifs avant le buter contre le bas du ciel -, et à la dernière ligne on n’avait plus la place
j’ai dit à Franck
→→— on arrête
il a dit
→→— Hmmm
mais y s’est quand même arrêté
surtout que la craie, à la fin on n’en avait presque plus
Franck a dit:
→→— on pourrait remplacer la craie par du dentifrice
j’ai dit
→→— oui
après on a fait les lignes verticales, c’est plus facile ça
Franck trouvait que ça ressemblait à la Toussaint à Brest ces lignes verticales
→→— la pluie tu vois ?
j’étais pas sûr de voir, j’ai jamais quitté l’Alsace, sauf avant le procès
le juge disait
→→— il serait souhaita-bleu / Monsieur le Président / que cette affaire fût dépaysée
de toute façon dans toutes les Centrales les grilles sont verticales
c’est bien plus parlant que la métaflore de la Bretagne
et puis quand même en Alsace y pleut aussi, mais c’est une pluie rudement organisée, à heure fixe
pas du n’importe quoi comme dans l’intérieur
j’ai dit à Franck:
→→— alors en Bretagne c’est comme en prison t’as des lignes verticales partout ? donc avec les lignes haute tension tu les as tes mots-croisés hein ?
Franck m’a regardé d’un drôle d’air
l’humour des bretons c’est pas c’qu’on dit
après on avait plus de Colgate, mais la grille était complète
Franck m’a dit on va mettre des cases noires
ça m’a fait rire ça: Cases Noires, j’ai dit
→→— tu diras ça à Sissoko ! (çui qui tient la caisse de la cantine)
Franck s’est rendu compte aussi, il a ri deux fois
encore après on a eu plus de mal, parce que Franck voulait d’abord mettre les mots, moi je voulais mettre des cases d’abord, bien réparties sur la grille, un peu comme les pâtes alphabet dans la soupe aux carottes
mais le problème de Franck c’est l’orthographe
il m’a dit
→→— à Trégunc j’ai pas été au certif’, j’avais juste niveau certificat
→→— donc tu veux qu’on corrige ensemble ?
→→— bin …
mais Franck est un type astucieux (c’est pour ça qu’il a fait deux tentatives d’évasion, sauf que ça lui a rallongé sa peine)
il a proposé alors
→→— écoute Michel on va pas mettre de définition, et pas de cases noires non plus
et c’est comme ça huit ans après et bien longtemps après que Franck a été libéré
que je la cherche toujours la maudite solution.

J.W. Chan
4 novembre 2011
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* Franck Le Gac dit “le Crabe”, célèbre pour un meurtre qui avait fait pas mal de bruit, en 1973 : il était invité du Concours Général au Salon de l’Agriculture, quand son tracteur John Deere flambant neuf avait été rayé volontairement par la bétaillère d’un berger corse (Ange Romagnoli, Marseille 1942 – Paris 1973); s’en était suivi une rixe générale associant de part et d’autre agriculteurs et forces de l’ordre Corses contre Bretons, avec des bordées d’injures et de moqueries où l’ensemble des stéréotypes régionaux — qu’on vous épargnera — avait défilé. Le Gac faisant finalement savoir que si “on se payait sa tête, les choses n’en resteraient pas là”, et le soir même il avait décapité Romagnoli à la serpe, dont la tête justement, bouillie et parfaitement nettoyée avec une de ces curettes proposées par les restaurateurs de la côte pour les amateurs de crustacés (d’où “Le Crabe”) était apparue le lendemain sur la table du Jury ornée d’un nœud jaune et d’un bandeau sur l’œil, avec la mention: “Tête du Maure“.
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Chanson

Tante Martine, Oncle François
(inspiré de Georges Brassens, “Les Deux oncles“)

Voici tante Martine et là l’oncle François
Chacun a bonne mine et veut prendre nos voix
Chacun a sa prestance et chacun son discours
Ils ont eu de la chance ils sont au second tour.

Alors tante Martine, alors oncle François,
Egrènent leur couplet, d’abord chacun pour soi.
Ils veulent nous séduire et sans compromission
Assurent qu’ils sont prêts à remplir la mission.

Chacun a convoité les voix des quatre exclus
En déclarant :”C’est moi qui rassemble le plus !”
Chacun rapproche son projet et ses idées
De ceux des quatre qui ont été liquidés.

On les a vus tous deux dialoguer en écho
Sur ce qui ne va pas au pays de Sarko
Et l’on a vu chacun jurer, sur nos écrans
Qu’il mettrait bonne fin à tant d’égarements.

Que dans le même instant où il serait élu
Il tournerait la page des temps révolus
Où seul un histrion s’arrogeait tous pouvoirs,
Où tout un régiment faisait son bon vouloir.

Leur programme tout prêt, pour le gouvernement,
Qu’ils avaient préparé ensemble, récemment,
Chacun le défendait avec ses propres mots
Montrant qu’ils n’étaient pas totalement gémeaux.

Alors on entendait, ici : “Quinze pour cent !”
Le second répondait: “Moi j’y parviendrai sans !”
Aussitôt le premier retoquait : “C’est pas sûr !
Moi j’ai pris le programme de la ‘gauche dure’ !”

“Moi, dit l’un, je ne trompe pas les citoyens
Et je ne promets que des choses que je tiens !”
“Je m’engage dit l’autre à faire entièrement
Tout ce que j’ai promis et que le peuple attend !”

Ça continue ainsi, plus d’une heure et demie
Tous les deux font semblant de rester bons amis
Mais chacun veut forcer l’autre à faire un faux-pas
Ils en arrivent presque aux mains, au pugilat.

Tout le monde assistait à ça avec stupeur,
Se demandant quand viendrait l’heure des catcheurs !
De la tante Martine ou de l’oncle François
Qui des deux devrait abandonner le combat !

Voyez chère Tata, écoutez, cher Tonton,
C’est pas le moment de vous crêper le chignon !
Y en a assez des égos surdimensionnés
Tout le monde s’en fiche : on a déjà donné !

Nous ce qu’on veut c’est qu’un de vous deux soit élu.
Ce qu’on attend de vous c’est de botter le cul
Du petit “m’as-tu-vu” qu’on voit trainer partout
Alors, vos sentiments, tout le monde s’en fout.

On veut se débarrasser de tous ces guignols
Avoir des profs pour aider nos gosses à l’école
Que nos vieux aient de quoi mettre dans leur faitout
Vos petits différends, tout le monde s’en fout !

Nous, ce qu’on veut, c’est que demain, partout en France
Les gens ne soient plus essorés par la finance
Que nos économies, notre pognon, nos sous,
On puisse en profiter avant qu’ils prennent tout !

Voilà chère Tata, voilà mon cher Tonton
Pourquoi je vous écris ce soir cette chanson
De vos subtilités, vos sensibilités,
Tout le monde s’en fiche, à l’unanimité.

Musique : Georges, Paroles : Wana

— Wana — 16/10/2011 —

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