« Wanagramme » accueille aujourd’hui ce texte de Christine Leininger De ma main sur ta joue et Wana, en échange, publie un poème sur son blog “Les embrassés”, puisque :
Tiers Livre et Scriptopolis sont à l’initiative d’un projet de vases communicants : le premier vendredi du mois, chacun écrit sur le blog d’un autre, à charge pour chacun de préparer les mariages, les échanges, les invitations. Circulation horizontale pour produire des liens autrement…
“Ne pas écrire pour, mais écrire chez l’autre.”
La liste des participants se trouve sur un blog dédié à ce seul usage, tenu à jour, mois après mois, par Brigetoun.
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De ma main sur ta joue
Dans les grands draps tendus sous les toits de mon enfance, l’odeur du linge se mêle à l’ô tant chéri. Ta peau se parchemine quand dans un sourire tu retrouves l’éclat. Et les claques de coton font encore vibrer l’air où je me réfugie pour l’avaler.
Tout était grand, même l’air.
Visage froissé, décooquillé se vente, se fend, se plisse, s’espère.
Peu de pluie plie les tuiles légères et déshabillées. Quand elle roule, elle se cabosse et câle dans les creux de la terre ses hélices bleu-vert. D’un doigt tu la retiens et glisse sur sa paroi un dos d’émoi. Ronde elle tourne sur le monde.
Et puis il y avait cette chambre fiancée à mon adolescence où craquait le parquet et où les devenir attendaient. Elle madeleinisait mon impatience.
Bleu de bille roule quand son vent rouille. Et cogne les eaux rangées par odeurs.
Ta voix crépite et douce les ans. La voile crée pitre et tout se lèsant, les mots s’altruisent et toujours aidant, je sens le temps tendre ses pièges à ton visage et tes oubliances.
Je rongis le carré de fenêtre jauni dans le noir des façades. Le rond gît, l’égarée de renaître jolie dans les émois des fadasses.
Les mois abusent les ans. L’émoi a bu s’lésant. Dans le fond d’une poche, les grains de sables froissent mes doigts désalés. Quand le font des proches, les gains de “ça” froids s’aiment, doivent dé-salir.
Et je lisse ton âge de ma main sur ta joue.
Christine Leininger
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