Wanagramme accueille aujourd’hui ce texte
d’Eve de Laudec : “Retournement“ et en échange,
Eve publie sur son blog : L’emplume et l’écrié,
un texte de Wana : ,ǝwɒuɒd suɒp snq uǝ ǝǝzǝz,
puisque :
Tiers Livre et Scriptopolis sont à l’initiative d’un projet
de vases communicants : le premier vendredi du mois,
chacun écrit sur le blog d’un autre, à charge pour chacun
de préparer les mariages, les échanges, les invitations.
Circulation horizontale pour produire des liens autrement…
“Ne pas écrire pour, mais écrire chez l’autre.”
La liste des participants se trouve
sur un blog dédié à ce seul usage,
tenu à jour, mois après mois, par Brigetoun :
qu’elle en soit remerciée !
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Retournement
Nous avions convenu d’un retournement pour notre échange livresque d’envasement avrilesque. Sans autre consigne. Allions-nous assister à une collision de collusion entre Wana et moi? J’aime les surprises et le laisse basculer mon texte dans son antre humoristique.
Me laisse porter par le grand chambardement opéré par le retourne-vice-et-versa, car aucun retour ne ment ni ne dit vrai d’ailleurs. Tout est merveilleusement subjectif et jouissif.
Se prendre au jeu, dans le tournis de l’inverse lexical.
Et si sans dessus dessous ?
Pastiche pistache postiche potiche potache ? Pas touche !
Mots précipités, imprécis précités, chamboulement de lettres, en renversement de sens à vous retourner les sangs. Cruauté, crudité, cru dicté : Le paronyme m’agonit d’extrême-onction tandis que j’agonise d’extrême ponction.
Imprudente impudence ! Dérangeons de concert les conserves épistolaires !
Avouons que nos lagunes linguistiques s’étendent quand nos lacunes pâles et uvées s’assèchent !
Opérons l’inversion des échardes de soie tissées en écharpes de bois vissées!
Osons ébranler d’original le palindrome originel :
Au radar, Eve erre, Eve rêve ici ses sagas,
Ou, comme l’affirme Gérard Durand dans un élan stomacal
« Eve rejette le mot omelette, je rêve ».
Humblement je tente le retroussement des chaussettes syllabiques, pour en dégager l’effluve du boustrophédon.
Opiluo uaep ne xuod top ne xuoh uaeppa uof ne ennollis tom ec
ce mot sillonne en fou appeau houx en pot doux en peau oulipO.
Quiproquo du débit, parce que le début part en débandade, pniqropno bu bidé, qarce pue le bédu qart eu bédaubabe… et pourquoi pas ? p devient q, b remplace d, n imite u.
Mes lettres prennent des libertés en me présentant leur derrière arrondi, elles confondent gauche et droite, avant et arrière, s’inventent tête-bêche, n’en reviennent pas de se poser sur l’absurde.
Trois petits tours, s’en sont allées, un peu honteuses. Tournez et retournez, manèges des phrasés !
J’entraîne de pas chassés en chas passés ma rieuse anagramme, dans un pêle-mêle thérapeutique car la guérison est dans le soigneur.
L’envers de l’endroit renvoie et rend vers, reviennent au galop les origines poétiques, recto verso.
Et si je rebroussais la situation ? J’entreprends ma conversion, de sceptique je vais croire, en tout, en vrac, en l’amour, en la paix, en la justice, en l’humanité…Hum, vanité, un retournement de vie, de veste fait trembler la vision, amène à l’évasion, bouleverse, tourneboule, me renvoie à mes pensées introspectives.
Je trébuche à leur morte. Lapsus calami ! Je trébuche à leur porte. Que me joues-tu, inconscient ? Ne t’aventure pas en sens interdit, un tiers dit, le reste tu. Je me tais et me retourne. Et mens.
Laude Devece (Eve de Laudec)
1er avril 2013