Emaux et gemmes des mots que j’aime

(titre suggéré par Jean-Louis,  un ami)

Sémiramis

C’est vrai qu’à soixante ans Sémiramis qui règne
Sur les contours fleuris d’un royaume intérieur
Sa cité de lumière et son jardin de fête
Peut craindre que le temps la prive des ailleurs
Ces contrées de mystère où l’horloge s’arrête
Où elle aime à sentir les fleurs qui les imprègnent.

On a souvent décrit la vieillesse en naufrage
Faut-il alors montrer l’existence assouvie
De ces êtres meurtris, endurant des souffrances
Mais qui s’en vont parfois chercher dans l’eau de vie
Pour les jambes, l’esprit, ou le cœur en errance
L’élixir que l’amour n’offre plus en partage.

Ce vieux qui fuit l’alcool est ingambe. Erre-t-il
De bistrot en bistrot ? Nullement ! Il préfère
Grappiller les instants que Chronos lui consent
Courir les bois, les champs, arpenter les bruyères
Retrouver un moment un corps d’adolescent
Cueillir encor le fruit sauvage au goût subtil.

Et à Sémiramis, en secret, je confère
Le pouvoir d’éclairer chaque jour d’allégresse
Chaque carré de ciel, chaque heure, chaque instant
Tous les moments glanés, volés à la vieillesse,
D’un parcours qu’on peut prolonger avec le temps
Avant qu’il nous conduise au feu ou à la terre.

Wana – 01/08/2014