N’ayant pas trouvé de partenaire pour ce vendredi de “Vases communicants”, je publie ici le texte que j’ai préparé.
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Soliloque
Je vois qu’il est tard et que j’aurai bientôt la possibilité d’aller me coucher, si le café ne me tient pas trop éveillé. Je sens que j’aurais dû boire plutôt une tisane, bien que généralement je trouve ça plutôt insipide et doucereux. Je respire l’odeur du tabac qui s’est répandue dans la pièce et cela ne m’engage pas trop à la quitter, car j’aime cette odeur. Je caresse la surface de mon bureau et cette sensation agréable de matière chaude me pousse elle aussi à prolonger la soirée.
Je caresse aussi la surface de mon clavier et j’y décèle de minuscules salissures qui se sont collées sur les touches, surtout le “s”, le “e”, le “n”, le “t”, le “i”, le “r” aussi. Je respire un peu l’air qui pénètre maintenant par la fenêtre que je suis allé ouvrir, pour aérer la pièce pendant la nuit. Je vois à peine, au dehors, dans la lumière de l’éclairage public, les pierres du mur de l’église qui me bouche la vue, mais où je découvre tous les jours des dessins bizarres dissimulés dans les reliefs de la pierre. Je sens qu’il fait frais, plus frais que d’habitude : les jours raccourcissent et l’automne s’installe, désormais.
Je sens parfois que je pourrais m’accrocher des heures à cet ordinateur, pour y déverser les kilomètres de texte que, souvent, la nuit seule m’inspire et singulièrement lorsque je m’allonge pour m’endormir. Je vois dans le cendrier cette pipe, une nouvelle pipe que Je viens d’adopter lorsque ma pipe préférée s’est cassée, il y a quelques jours, pendant mon voyage en Turquie. Je caresse l’espoir que nous allons bientôt être en résonance, ma pipe et moi; il faut un peu de temps pour s’habituer l’un à l’autre : je prends soin d’elle et elle ne m’agresse pas. Je respire un peu la fumée qui s’en échappe et vient s’étirer devant mon écran; cette fumée qui, sans doute, contribue à salir aussi le bois de ma table et les touches de mon clavier.
Je respire, oui, parce qu’enfin, c’eût été le diable si je n’avais pu, en particulier aujourd’hui, cette nuit, écrire les quelques mots qui tournent dans mon esprit, depuis quelques jours : “Tu as promis un texte pour la fin de la semaine, et tu es incapable d’exploiter les expériences triviales de ta vie quotidienne…?”, m’étais-je dit. Je caresse l’idée, maintenant, qu’une conclusion s’impose à ces quelques lignes, à peine marquées d’une règle d’écriture assez simple qu’on nomme “texte à démarreur”. Je sens que les permutations sont parfaitement visibles, dans l’entame des seize phrases qui le constituent; mais, est-ce là un défaut, ou faut-il laisser libre cours aux mots qui se bousculent ? Je vois bien, qu’une toute petite déviation, dès le début de cette page, aurait pu conduire à une tout autre histoire d’écriture… peut-être même, quelque chose de plus achevé, une véritable tranche de vie, avec des sensations, des sentiments, du ressenti… et du sens, bien sûr !
— Wana — 07/10/2011 —
je regrette de n’avoir pas, plus souvent, découvert les émaux
je regrette de n’avoir pas, plus souvent, dévoilé quelques mots
je regrette d’avoir, trop souvent…
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>Wana bonsoir
11/10/11 , 19h10 puis 11.
smackounet,
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Bise à toi aussi, Rose.
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trop merci
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